Depuis de millénaires, la respiration consciente fait partie intégrante des médecines asiatiques pour se guérir et constitue une des méthodes de prévention pour rester en bonne santé.
Actuellement, de nombreuses recherches en neurosciences, organes des sens, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie, biophysique et biologie cellulaire démontrent l’impact de la respiration sur le cerveau, la relation entre ventre, cœur et cerveau, les cellules gliales dans le système nerveux, le traitement du signal, notre vue et notre ouïe. Des chercheurs du monde entier s’intéressent au lien entre la respiration et nos comportements, nos émotions, les maladies rares, neurodégénératives et neuro-inflammatoires, les pathologies psychiatriques, les déficits visuels et auditifs.
Comment un acte aussi simple et naturel que le fait de respirer peut-il affecter à ce point notre état psychologique et physiologique ?
En fait, ce qui nous paraît naturel dans notre expérience quotidienne ne l’est pas forcément d’un point de vue neurobiologique : la respiration n’est pas qu’une alternance d’inspirations et d’expirations, mais s’articule avec d’autres comportements moteurs comme le fait de parler, rire, pleurer ou manger sans perdre notre souffle. Cette activité requiert un contrôle fin de la part de notre cerveau qui mobilise à cet effet de nombreux circuits neuronaux pour traiter la multitude d’informations qui remontent de notre corps.
Les chercheurs s’intéressent tout particulièrement à ces circuits neuronaux. En effet, ils ont découvert que dans notre bulbe rachidien se situent des neurones qui assurent l’automatisme respiratoire et des cellules qui transmettent des informations relatives à la respiration, notamment vers le tronc cérébral qui est impliqué dans l’état de veille, la vigilance et les émotions. Il y a donc un lien neurobiologique entre la respiration et la régulation de l’état de veille, la vigilance et les émotions.
Le souffle ne nous fournit pas seulement en oxygène pour brûler les aliments et les transformer en énergie. La respiration, le sang et la digestion travaillent en permanence et corrélation ensemble. Les informations transmises par ces canaux au cerveau proviennent du nez qui capte les odeurs et se refroidit suite au passage de l’air, des bronches et des poumons qui se gonflent et se dégonflent, des muscles qui se contractent, des articulations des côtes qui bougent. Et notre cerveau filtre ces informations. Dès qu’il détecte une modification, il fait émerger la respiration dans la conscience. On parle d’« intéroception », littéralement la perception de l’intérieur. L’objectif étant de sonner l’alarme en cas de danger pour l’organisme.
Cela indique pourquoi, ’en contrôlant ‘ notre respiration par des exercices respiratoires, nous pouvons influer directement sur nos émotions, nos comportements, notre biochimie, nos capacités cognitives, notre psychisme et notre conscience de soi. Inversement, quand la respiration est perturbée par une maladie, notre cerveau et notre psychisme en souffrent, mais nous sommes capables de récupérer cette influence à notre profit, « en respirant consciemment » !